Géorgie : la patrie des skieurs nomades
Pourquoi tout skieur ayant passé une saison en Géorgie y revient-il ? De vastes montagnes immaculées, la sympathie des gens et la nourriture concordent pour en faire une destination ski des plus attachantes qui soient. De nombreuses anecdotes concourent à rendre ce lieu atypique et intemporel dans l’âme de tout skieur : les matins enneigés où la pelle est indispensable pour sortir, la vue qui accompagne la première tasse de café, les chiens et les vaches qui se disputent le cheminement le plus aisé…
Mon hiver 2021/22 à la station de Gudauri a été l’une des saisons les plus mémorables de ma carrière de skieuse. Je suis à jamais reconnaissante pour les expériences vécues et les amitiés liées en Géorgie.
Je suis devenue monitrice de ski pour une raison bien précise : j’aime voyager et découvrir une nouvelle destination enneigée chaque année. C’était du moins mon idée initiale, mais en mars dernier je déroge à cette règle. Je retourne en Géorgie, car la nécessité d’une pause en France s’impose. Les lecteurs qui connaissent le travail d’un professionnel du ski comprendront ce ressenti. À ce moment-là, la Géorgie est exactement ce qu’il vous faut.
Tout skieur trouvera en Géorgie ce qui c’est perdu dans les Alpes depuis quelques décennies : l’isolement du monde moderne, la connexion avec la nature, l’accessibilité financière et une neige qui fait passer l’affutage des carres pour un poisson d’avril. Moins de stress et de pression vers les téléphériques. Bien évidemment, la Géorgie réserve plein d’autres aventures atypiques.
La première fois, je m’y rends seule. Si de nombreuses vidéos YouTube ne me laissent aucun doute sur la qualité du ski, je n’ai aucune idée concrète de ce qui m’attend. J’ai la malchance de tomber malade à mon arrivée à Tbilissi, ce qui me prive de parcourir la ville avant mon transfert pour les montagnes. Je me rends seulement à la pharmacie proche de l’hôtel, où par chance des antibiotiques sont disponibles sans ordonnance. Après quelques jours de convalescence, je me retrouve avec les autres moniteurs de ski dans un bus pour la station de Gudauri. Si je suis nostalgique de ne pas avoir découvert la capitale, j’aurai l’occasion de le faire plus tard dans la saison. Effectivement, je rends visite à un ami hospitalisé après avoir été frappé à la tête par une cabine. À l’issue d’une nuit de fortes chutes de neige, la piste s’est rehaussée à hauteur de passage des cabines et une de celles-ci percute mon ami en train de carver. C’est véridique !


Pour philosopher un peu, les Géorgiens sont tout aussi avenants que les conditions de neige sur leurs montagnes. On ne s’en lasse pas ! Dès le premier contact, un sentiment de convivialité émane. Je n’oublierai jamais le sourire de la mère du patron de notre hébergement, lorsque nous la saluons le matin avec nos rudiments de géorgien en partant skier. De retour le soir, après une journée complète de cours de ski terminée par une randonnée, elle nous réserve au coin du feu un des accueils les plus chaleureux que j’ai connu. Ce même jour au retour de notre descente hors-piste, nous avons été pris par un chauffeur de taxi au volant d’une golf seconde génération. Dans un russe approximatif, nous persuadons celui-ci de nous faire écouter des tubes de rock yougoslaves à la radio. À plusieurs reprises nous faisons de l’auto-stop, une fois nous nous retrouvons dans un camion sur la route sinueuse d’un col en pleine tempête de neige pour rejoindre la vallée.
Les conditions de ski restent incroyables jusqu’au printemps. La neige est abondante et continue de tomber en grande quantité au mois de mars. Les habitants et skieurs locaux appellent ce phénomène « Miracle de Mars ». L’épais manteau neigeux combiné à l’altitude permet de faire du ski de randonnée et prolonger la saison. Les journées sont si longues que les excursions vers les hauteurs qui dominent la station peuvent commencer en fin d’après-midi, après la fermeture des remontées mécaniques. Si l’enthousiasme vous emporte loin, les chaussures de ski auront à peine le temps de sécher pendant la nuit.


En mars dernier, nous décidons de partir à la découverte de Mestia avec quelques amis. Cette visite se déroule bien, mis à part une complication avec les bagages de deux d’entre eux à l’aéroport de Vienne qui les oblige à nous rejoindre quelques jours plus tard. Malheureusement, la remontée sommitale de la station de Tetnuldi est en panne et nous avons donc délaissé une partie du terrain de jeu pour une prochaine fois. Mestia est beaucoup plus éloignée du circuit touristique classique, il est assez surprenant d’y voir des étrangers à la recherche de poudreuse fraîche comme nous. Les stations de Tetnuldi et Hatsvali sur les hauteurs de Mestia sont relativement épargnées en termes d’affluence. Néanmoins Mestia est progressivement en train de devenir une destination très prisée pour le ski hors-piste et de randonnée. Les possibilités d’hébergement sont multiples : hôtels et locations Airbnb situés dans des bâtiments historiques pittoresques. Chaque matin, un petit-déjeuner géorgien traditionnel est servi à côté d’un chaleureux poêle à bois. Un chauffeur au volant d’une voiture japonaise attend la porte pour nous monter à la station.


Je retournerai en Géorgie la saison prochaine, pour découvrir une nouvelle région. Cette fois-ci, je prendrai certainement mes Playmaker 111 qui m’ont manqué lors du voyage précédent en raison de la quantité de neige. Cela dit, les Playmaker 101 sont idéals comme skis polyvalents de tous les jours.
Feel the Vibe: A Glimpse of Avoriaz in Photos











